Pourquoi j’ai quitté l’Education Nationale (Partie 1)

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Je suis professeure des écoles de formation et de cœur. Depuis juin 2015, j’ai quitté l’Education Nationale et je suis partie voyager à travers le monde, avec mon mari. J’ai jeté mes classeurs accumulés au fil des années. Je n’ai gardé que les livres essentiels et les notes issues de lectures et de rencontres. Cette année de voyage est l’occasion de retrouver la sérénité, de mettre de l’ordre dans mes idées, dans mes notes et mes lectures, et de continuer à me former.

Voici pourquoi j’en suis arrivée là.

Je ne suis pas courageuse. Je n’ai pas démissionné.

Parmi les nombreux avantages du métier d’enseignant, il y a celui de la mise en disponibilité. J’ai donc obtenu une mise en disponibilité reconductible pendant plusieurs années. C’est une option plus rassurante que de démissionner car je peux retrouver un poste si je le souhaite.

Je sais que je ne souhaite pas reprendre ce poste. Mais je ne suis pas courageuse au point de couper les ponts derrière moi. C’est juste une option qui me rassure, au cas où…

J’ai voulu tout quitter:

  • ces réunions interminables qui ne parlent que rarement de pédagogie,
  • ces conseils d’école où les parents et les enseignants se disputent sans se comprendre et s’écouter,
  • ces heures de formation qui n’apportent rien ou si peu,
  • ces réformes qui se succèdent et où l’intérêt de l’enfant n’est pas toujours central,
  • ces attributions de poste d’office qui dépassent parfois toute logique et ne prennent pas en compte les attentes des enseignants,
  • ces évaluations hypocrites et inutiles qui stressent enfants et parents et qui ne font que conforter ce que l’enseignant pensait déjà,
  • cette peur de l’inspecteur et des inspections plus destructrices que formatrices…

Toutes ces frustrations cachent en réalité un malaise plus profond.

Je ne suis pas courageuse. Je n’ai rien dit.

J’ai enseigné 6 ans, de la petite section au CM2 (et même au collège, en SEGPA). 6 ans, c’est peu et pourtant j’ai déjà rencontré tellement d’enfants, de parents, d’enseignants, j’ai travaillé dans des dizaines d’écoles, assisté à des quantités de réunions et animations pédagogiques… 6 ans, pour apprendre, désapprendre, réapprendre mon métier d’enseignante, me questionner sans cesse.

J’ai observé, j’ai écouté, j’ai analysé mais je n’ai rien dit. Je ne suis pas courageuse.

On se donne des excuses.

Quand on se retrouve dans une situation qui pose problème, on cherche une explication et les raisons toutes faites ne manquent pas :

Quand un élève n’arrive pas à progresser dans les apprentissages scolaires, on dit que c’est parce qu’il n’arrive pas à se concentrer : les parents viennent de divorcer ; ou bien ils sont démissionnaires ou d’un niveau social peu élevé ; ou bien encore « il est bête » (si, si, je l’ai entendu cette année dans une salle des maîtres)…

Quand un élève chahute, ne tient pas en place sur sa chaise, ne veut pas travailler, fait une crise, on lui colle une étiquette « hyperactif », « immature », « handicapé », ou bien c’est la faute des parents qui ne savent pas l’éduquer…

On est plein de bonne volonté : on multiplie les formes d’aides et les réunions. Sans réelle formation…  Sans vraiment y croire…

Quand c’est toute une classe dont les élèves sont bavards et se mettent difficilement au travail, on dit que c’est parce que les effectifs sont trop chargés, il y a des années comme ça, ils sont fatigués, c’est Noël, c’est la pleine lune…

Il y a toujours une bonne raison d’accuser la nature de l’enfant, la responsabilité des parents ou de l’institution… et même parfois de la météo !

Mais quand questionne-t-on vraiment notre pédagogie ? Quand prend-on vraiment notre part de responsabilité, nous autres enseignants ?

Je viens tout juste de faire un stage de Communication Non violente et l’une des premières choses que j’ai apprises, c’est commencer par dire « je ». Dire « je », c’est assumer ce qu’on dit, prendre ses responsabilités. C’est remplacer le « on » derrière lequel on se cache pour juger, interpréter, déverser des croyances et des préjugés.

Alors, oui, je vais utiliser le « je » : Moi aussi, je me suis trouvée des excuses.

Elles étaient du genre : « je suis trop jeune et inexpérimentée pour exprimer ce que je pense », « je ne suis là que le mardi ; c’est la titulaire qui règlera le problème », « Dans un an, je devrai changer d’école, à quoi bon ? », «je dois avancer dans le programme », « les parents vont faire un scandale si je ne fais pas ça» …

Toutes ces excuses ne me soulageaient pas. Bien au contraire, mon sentiment de culpabilité grandissait chaque jour. Mes lectures, mes rencontres et mon groupe de réflexion me faisaient découvrir des pédagogies qui pouvaient tout changer. Mais, dans les écoles, face aux collègues et parents, je n’ai rien dit de mes doutes et de mes interrogations, ni des espoirs en ces pédagogies alternatives. Pour rester dans la norme.

C’était plus rassurant, plus confortable.

Enfin, pas si sûre…

Je ne suis pas courageuse. Je n’ai rien changé.

Pendant ma courte carrière, j’ai eu la chance d’avoir plusieurs fois ma propre classe, à l’année, dans laquelle j’ai pu m’investir pleinement : créer une relation sereine avec les élèves, les guider dans leurs apprentissages du mieux que je pouvais…

C’était loin d’être parfait. J’étais stressée, je doutais beaucoup. Les difficultés d’apprentissage des élèves accaparaient mon esprit ; mais j’expérimentais, j’apprenais. J’avais le sentiment de me rapprocher petit à petit d’une pédagogie en cohérence avec mes valeurs.

Seulement voilà, mes deux dernières années d’enseignement dans l’Education Nationale m’ont révolté. Pire. M’ont découragé. Je faisais le complément de collègues à temps partiel. Autrement dit, j’avais chaque jour une classe différente et certains jours de la semaine je n’avais pas de classe, j’étais remplaçante pour les congés maladie.

Je devais donc composer avec les collègues et bien souvent, j’ai choisi de me conformer aux pratiques et au fonctionnement en vigueur dans la classe. Cependant, je me sentais de plus en plus en contradiction avec ce que j’observais et ce que je vivais:

  • Des enfants de maternelle contraints de rester assis, le doigt en l’air en attendant l’enseignante, de répondre à des fiches abstraites, se mettre en rang bien alignés, aller aux toilettes seulement quand l’enseignant est d’accord…
  • Des élèves de CP qui n’ont plus un seul moment pour jouer, qui remplissent des fichiers (manuels) sans manipulation concrète, qui apprennent à lire sur des supports sans intérêt…
  • Des élèves de CE2 qui lisent sans comprendre, répondent par devoir ou pour faire plaisir, qui n’ont aucune envie de venir en classe…
  • Des enfants pourtant si curieux, enthousiastes et enjoués, devenant passifs, amorphes et avachis dans la classe ou bien stressés et violents …

Pour ces enfants, c’était quoi, l’école ?

  • Apprendre à obéir : apprendre à se taire, à faire ce que l’adulte dit, répondre ce qui est attendu, avec la méthode demandée, faire comme le modèle… Voilà ce qui est bien souvent enseigné. Où sont la réflexion, la recherche et la créativité ?
  • Des exercices vides de sens : remplir des fiches sur le monde vivant au lieu d’aller voir, toucher, sentir; lire des expériences dans des manuels au lieu de les vivre ; apprendre à calculer avec un semblant de manipulation de jetons et avec un fichier de cases à remplir ; découvrir une règle de grammaire puis l’appliquer dans un exercice puis recommencer… Quel intérêt pour l’ élève ?  Où sont  la manipulation et la découverte par le concret avant d’aller vers l’abstraction ? Quel sens peut-il bien donner à tout ça ?

Face à la difficulté, au manque de temps, à la pression que je me mettais et toutes autres excuses, je n’ai finalement rien changé.

J’aurais pu au moins évoquer mes questionnements, lancer des débats, chercher à impulser une nouvelle dynamique. Je n’ai rien changé.

Face à la souffrance des enfants, silencieuse ou extériorisée (sous forme de chahut ou de violence), mon sentiment d’impuissance et de culpabilité continuait de grandir. J’étais moi-même en souffrance dans une des classes, où je me trouvais dépassée par les difficultés relationnelles et d’apprentissage de chaque élève. Mon impuissance se traduisait par des colères que je ne maîtrisais pas.

Je me faisais peur !

Comment apprendre dans ces conditions ?

Je crois en une pédagogie qui apprend à penser de façon autonome et critique, qui donne envie de chercher, qui responsabilise … dans une relation de bienveillance… Et pourtant…

Je ne suis pas courageuse. J’ai abandonné.

Je n’ai rien dit, rien changé : je suis restée dans la norme, je me suis conformée. Par facilité ? Par peur du conflit, du jugement ?

J’ai finalement abandonné l’idée de vivre la classe de mes rêves dans ce système. Et pourtant…

Pourtant, je me sens investie dune mission.

La mission que j’ai choisie : celle de guider les enfants qui me sont confiés, vers le plein développement de leurs potentialités ; de leur permettre de devenir des citoyens épanouis, responsables et libres. Je pèse chacun de mes mots.
L’école joue un rôle dans la société telle qu’elle est aujourd’hui et sera demain. C’est dire toute l’importance que j’accorde à mon métier. Et c’est sûrement cette croyance qui m’a mis tant de pression.

À côté et parfois dans ce système, vivent et fleurissent des expériences positives, riches de sens et de promesses. Dont je souhaite continuer à tirer parti.

Mais j’ai un rêve qui me donne du courage…

Jusqu’ici, j’ai dit à quel point je n’étais PAS courageuse. Mais depuis mon départ, j’ai retrouvé du courage.

Le courage de partir, de lancer ce blog et d’écrire tout ce que j’ai appris et apprends encore, tout ce que je souhaite partager. Le courage de faire de mon rêve, d’abord un projet puis une réalité : celui d’ouvrir une école.

Je ne me sens pas capable de changer les choses de l’intérieur. Alors j’ai décidé de suivre ma propre route, à côté, tout en m’inspirant de ceux et celles qui ont réussi.

J’ai dressé en début d’article un tableau assez noir lié à mon expérience. Je suis un témoignage parmi d’autres d’enseignants qui partent… Mais j’ai aussi su voir le positif, puiser dans ces rencontres si riches entre enseignants, ces moments de bonheur lorsqu’un enfant apprend, est heureux de sa découverte, les rires, les sorties où l’on découvre ses élèves avec un autre regard et où on crée des liens forts…

Toutes ces expériences, positives ou négatives, sont riches d’enseignement et font ma force aujourd’hui.

Je vais œuvrer à mon échelle. Et ce blog est ma façon de partager avec vous tout ce que j’apprends en chemin.

La suite de cet article: Qui suis-je, et pourquoi ce blog existe ?

Je suis sûre que cet article vous fait réagir. Dites-moi ce que vous en pensez ci-dessous.
Je lis tous les commentaires et je vous répondrai personnellement.

31 réflexions sur « Pourquoi j’ai quitté l’Education Nationale (Partie 1) »

  1. Au contraire tu es très courageuse Cécile, de suivre ton chemin, merci pour ton blog qui me redonne de l’énergie pour avancer!
    Katia

  2. Oulala, je découvre ton blog ce soir et suis assez perturbée après lecture de ton article »pourquoi j’ai quitté l’education Nationale  »
    pourquoi?
    parce que ….je suis prof des écoles depuis 2009, soit 6 ans dans le métier,
    parce que …. j’ai eu 2 ans/6 une classe entière et le reste du temps poste fractionné tous niveaux, ZIL, poste U.L.I.S en collège, et cette année 4 compléments de direction
    parce que… depuis le début je suis profondément torturée par mes obligations , mes constatations,mes inspections, ma pratique personnelle et celle des autres et je me retrouve entièrement dans tous tes commentaires sans exception,
    parce que… j’ai commencé à faire la liste écrite de mes déconvenues depuis mon arrivée à l’E.N pour en faire une sorte d’éxutoire , pensant les publier sur le net ou même les envoyer par mél à la minitre del’EN
    parce que…. je me demande combien de temps je vais tenir dans cet état d’insatisfaction profond et quelle issue je vais choisir , la sortie? ou un poste à profil?ou?
    et parce que je m’appelle Cécile.

    je ne manquerai pas de revenir continuer ma lecture de ton blog!

    1. Bonjour Cécile !

      Que de points communs en effet !

      L’envie de quitter l’Education Nationale, par découragement, je le lis dans ton commentaire et dans les mails que j’ai reçu suite à cet article.

      J’espère que tu trouveras un moyen de vivre ton métier de façon cohérente et pertinente et de t’y épanouir.
      Se former, s’entraider, oser et lâcher prise me semblent être des actions essentielles pour avancer.

      J’ai fait le choix de partir. Cependant, je continue de penser que c’est de l’intérieur qu’il faut changer les choses !

      Bon courage et à bientôt sur le blog !

  3. Bonjour Cécile,
    nous nous sommes croisées il y a quelques années à l’école Herriot Boncour, j’étais l’Atsem de françoise.
    Je suis toujours en contact avec Françoise et c’est par son intermédiaire que j’ai découvert ton blog. Nous n’avons pas travaillé ensemble mais ce que j’avait perçu de toi c’était que tu étais pleine de bonne volonté et que tu vais envie d’apprendre.
    Ce que j’ai lu conforte cette impression et fini de me rassurer sur le fait qu’il existe encore des enseignants qui s’ont pleinement investis . Je suis persuadée que tu as de belles perspectives devant toi et que cela va aboutir sur quelque chose de positif.
    Je vais continuer à suivre ton parcours avec plaisir, amicalement.

    1. Bonjour Catherine,
      Quelle bonne surprise de te retrouver sur ce blog !
      C’est toujours très enrichissant de travailler avec des ATSEM qui s’intéressent à la pédagogie.
      Bonne lecture !

  4. bonjour Cécile,

    on doit avoir un peu pres le meme age (33 ans), j’étais à luifm en 2008 (hé oui cetait encore liufm!) à la difference de toi je n’ai pas obtenu mon concours mais jai pu faire de loooongs stages et travailler comme contractuelle quelques temps…et oh mon dieu comme tout ce que tu écris me parle…la pression des notes, du programme qu’il faut faire coute que coute, le mal etre de se dire je fais que « de la mmm… » « je vois bien quils ne comprennent pas tous mais lheure tourne… » et oh quel bonheur quand des éleves nous disent que nous, petits contractuels, nous « expliquons mieux que la maitresse! » là on a le sentiment du devoirs accompli mais c’est tellement rare! (et la remise en question fondamentale « quest ce qui a fait que dans cette situation précise les eleves sont satisfaits de mon enseignement? »)dû au manque de temps,a des enchainements d’exercices vides de sens pour ces éléves toute la journée, une inexistence de l’expérimentation( du cheminement intellectuel « du pourquoi on en arrive la?quel est le but final? »), de la manipulation,et pouvoir repondre aux questions « pourquoi on apprend çà? » « a quoi ca sert? » et on pourrait en dire encore: mener un groupe vers la connaissance et non des enfants dans leur individualité,singularité! ca nest pas possible de continuer comme ca, quand respecterera-t-on la maturité intellectuelle,émotionnelle de l’enfant? ils peuvent avoir le meme age mais pas la meme maniere d’appréhender le monde et son apprentissage , enfin cest ce que je crois… et oui cecile je suis tellement daccord avec toi: l’enfant est un etre en devenir social, il faut encourager la bienveillance, le respect de soi et des autres et le monde irait sans doute mieux si nous adultes nous montrions l’exemple de la bienveillance …en tous les cas c’est bien dommage que tu habites si loin car jai moi meme caressé le doux reve d’avoir une école ouverte sur le monde ( culturel,langagier)ou l’on pourrait appliquer un apprentissage individualisé mais je n’ai pas trouvé l’associé …et le financement pas évident non plus comment esperes tu financer l’école? a trés vite pour te lire cécile.

    1. Bonjour Genestre,

      Merci pour ton partage.

      Il existe différents moyens de trouver des personnes qui pourraient partager ton projet.
      Voici par exemple une carte des projets d’écoles alternatives:
      http://www.festival-ecole-de-la-vie.fr/forum-ecoles-alternatives/
      Il existe aussi une carte pour les écoles démocratiques et celles dites du « 3ème type ».
      Pour ma part, j’ai posté une annonce sur le site Créer son école.
      Tu peux également utilisé FB où de nombreuses infos circulent.
      La fabrique des Colibris est une autre plateforme.
      Lors de stages, tu peux rencontrer d’autres porteurs de projet.
      Où habites-tu ?

      Concernant le financement, je commence tout juste cette réflexion.
      Je pourrai t’en dire plus d’ici quelques mois.
      Je sais qu’il existe des organismes tels que La Nef ou France active.
      Certaines écoles utilisent les plateformes de financement participatif (dons) tels que Ulule.
      En hors contrat, il est nécessaire que les familles payent des frais de scolarité, mais il existe des solutions créatives pour les réduire (bénévolat des parents…).

      A bientôt !

  5. Bonjour Cécile,
    Une fois que j’ai pris ma retraite de la Banque où j’ai été Formateur professionnel, je suis devenu créateur-éditeur de jeux pédagogiques car j’ai vérifié que le jeu est la meilleure des pratiques pédagogiques, tant pour les adultes que pour les enfants.

    Aujiourd’hui, je suis dans les starting-blocks dans l’attente de la réforme que le futur Président de la République va mettre en oeuvre, dans 12.000 écoles de REP, dès septembre prochain.

    Da&ns cette attente, je mets au point des jeux pour les CP, en suivant les conseils de M. J-Michel Blanquer qui, d’après moi, sera le prochain Ministre de l’EN.
    Mais, autant je suis à l’aise avec les techniques ludiques qui font qu’un jeu « fonctionne » ou ne fonctionne pas, autant je n’ai pas d’expérience de l’éducaton des 7 ans(en dehors de ce que j’ai vécu avec mes enfants et petits enfants…).
    Je recherche un co-auteur pour co-réaliser une dizaine de jeux pédagogiques qui seront proposés à l4EN pour équiper en « outils pédagogiques ludiques » les 1000 premiers professeurs des écoles qui prendront 12 élèves chacun, dès septembre 2017.
    Auriez-vous des candidats, motivés par mon projet, à me proposer?
    J’habite à proximité de Paris et je peux me déplacer.
    Merci d’avance

    Alain

  6. Je commence à comprendre ce qui peut se passer ds la tête de mon fils. Il est en dernière année de master 2 apres une annee d alternance et le concours réussi il est confronté à une classe de ce2 3 jours par semaine le reste du temps à l université cela fait deux semaines Et deja Il doute de ses capacités de ses envies . Les élèves sont dissipés c est difficile deja, Il y a aussi le trajet dans les embouteillages.. il a ce rêve depuis l âgé de 10 ans Mais j ai peur qu il abandonne trop vite et je ne sais pas comment l aider. Mais je comprend certaines choses avec votre discours Et ca renforce les craintes Bonne chance à vous pour la suite

  7. Cécile,
    je suis assez bouleversée par ton parcours… Enseignante depuis 2005, je sens dans ce que tu décris autant de passion que je peux en avoir, autant l’envie de faire bouger les choses… Et c’est parfois tellement dur… Mais on a tellement besoin de personnes comme toi !!! Je suis une éternelle optimiste, et même si certains jours on se demande si ce vieux dinosaure qu’est l’éducation nationale, pourra un jour évoluer, il y a des petits miracles qui se produisent. Je me suis épuisée à vouloir faire changer certains de mes collègues, et puis finalement j’ai choisi d’opérer le changement plus modestement, dans ma petite classe et figure-toi que ce sont finalement les gens qui viennent à moi petit à petit. J’ai le sentiment qu’il y a un réel mouvement qui est en train de s’opérer, qu’il y a plus d’enseignants qui ont l’envie de rendre les enfants épanouis et heureux que d’enseignants qui s’en foutent… Le changement doit venir d’en bas, il ne viendra pas de nos supérieurs, mais pierre après pierre, on construit l’édifice. C’est très courageux de ta part d’avoir fait le choix d’arrêter plutôt que de continuer sans pouvoir être toi même, et ça confirme le fait que tu es une très bonne enseignante… Si seulement on avait pu se rencontrer… peut-être ce message te redonnera l’envie, qui sait… (éternel optimisme qui récidive…) En tous cas je te souhaite de beaux projets et je te remercie pour ton site et ton partage.

  8. Je viens de tomber sur ton article et je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis. 6 ans que j’enseigne de la maternelle au CM2 … et j’arrive aujourd’hui à bout. L’éducation Nationale a tué la petite flamme de plaisir au fond de moi. Je suis comme toi, j’aspire à une éducation bienveillance et à des pédagogies alternatives mais je suis épuisée par tous les à côtés administratifs dont tu parles. Merci pour ton partage sur le sujet.

  9. Bonjour Cécile,

    Merci pour ce site 🙂

    Est-ce que tu es toujours en voyage autour du monde ?
    Si oui je serais ravie de t’accueillir et de discuter pédagogie à Madagascar.

  10. Bonjour
    J ai vécu la même chose pendant 15 ans dans les crèches de la ville de Paris comme auxiliaire de puériculture….. je changeais tous les ans de crèches …. plus j apprenais avec les dizaines ….et mêmes les centaines de livres de psychologie …pédagogie… plus je me sentais. Impuissante
    Me voilà retraitee. Je viens de contacter un association d aide aux devoir
    Le responsable du département me semble « ouvert »…. arriverais je au port ?

  11. En lisant cet article, je n’ai pu laisser mes larmes couler : c’est exactement les mêmes réflexions que je me suis faites et ce depuis 6 ans que j’enseigne… Et comme vous, j’en ai extrêmement MARRE qu’on incrimine les élèves parce qu’ils n’y arrivent pas et comme vous je pense que le problème se situe du côté de notre façon d’enseigner…. Merci pour ce partage de confidences .

  12. secrétaire à l’inspection de l’enseignement primaire en nouvelle calédonie, dans la 7ème circonscription, je suis très intrëssé par la qualité ¨de la documentation sur le site.
    J’ai moi même en Pays Kanaky était fondateur de ‘l’école populaire Kanak,qui pour se sortir du schéma du système éducatif coloniale dans sa recherche d’un système éducatif émancipatif, avons initié la démarche du concret vers l’abstrait.
    je souhaite avoir des relations et des contacts avec tous ceux qui au monde agissent pour des écoles qu respectent l’homme dans toutes les dimensions de son existance.

    1. Eh bien, merci Internet ! Outil qui facilite tant ces contacts et ces prises de conscience en permettant de voir et comprendre ce qui se fait autrement. Et bienvenue sur le blog 🙂

  13. Bonsoir Cécile,
    je suis arrivée sur votre blog par hasard en faisant des recherches pour l’école gratuite que j’aimerais ouvrir un jour….
    Je serai en disponibilité en septembre prochain pour réfléchir à tout cela mais j’ai cette impression très étrange que je vais suivre le même cheminement que vous et finir par démissionner.
    J aimerais pouvoir m’entretenir avec vous plus longuement. Est ce possible ?
    Belle route

  14. Bonjour Cécile, je découvre ton blog, tes témoignages sont très courageux et intéressants . Je crois que nous sommes nombreux à vouloir nous exprimer mais la culpabilité nous ronge souvent. Le métier d’enseignant occupe les jours et les nuits parfois. Quand on n’y arrive plus, un vide s’installe. Il faut le combler, il n’est pas toujours évident de trouver la bonne voie après avoir décroché. J’ai l’impression que plus on a de l’ancienneté en tant qu’enseignant et plus il est difficile de rebondir.
    Bravo pour ta décision, insister dans la conformité peut nuire. De nombreux collègues en ont fait les frais. Tu as de la chance d’être jeune et d’avoir une enfant en bas âge. Ça stimule.

    Bonne route.

  15. Merci pour ce partage. Je découvre ton blog, lis cet article et me retrouve complètement. Je suis T3, j’expérimente, j’apprends, je tâtonne… Je suis moins courageux que toi, je ne démissionne pas (pas encore…).
    Merci pour ton blog.
    Je serai intéressé de connaître certaines de tes ressources, notamment sur la pédagogie Freinet.
    Bonne continuation à toi !

  16. Bonjour, je suis enseignante depuis plus de 10 ans, et 6 ans en maternelle. Avec mes collègues on essaie de se renouveler, d’éviter les fiches, de laisser les enfants profiter de leur enfance en apprenant avec plaisir. Malgré tout, je n’arrive pas à intégrer pleinement en mon âme dirai-je, le fait que les familles ne sont pas fautives. J’ai beaucoup de mal à gérer les difficultés qui durent, et oui, je mets dans mon fort intérieur, la cause, pas forcement accusateur, sur les parents et leur milieu social tellement défavorisé qu’on a des élèves de PS qui ne répondent même pas à leur prénom. Accepter un tel état de fait à l’arrivée à l’école m’insupporte. Ce n’est pas tant les familles, qui n’y sont souvent pour rien, mais l’État, qui ne prend pas en charge la misère socio culturelle. Mais dans ces conditions, même si les élèves progressent, ils n’arrivent pas tous à être « au niveau attendu » en fin de GS . Je veux bien chercher à modifier ma pratique mais souvent je suis persuadée de ne pas pouvoir y changer grand chose. Ai-je si tord que ça ? Par la suite ce qui me rend folle c’est le peu de poids de notre parole de professionnel face aux difficultés notées dès la PS, pour les familles, mais aussi pour nos supérieurs, qui n’ont rien à nous proposer. Combien d’entre nous luttent pour convaincre un parent du besoin d’orthophonie de son enfant ? Et s’il est convaincu, combien de familles trouvent un professionnel ? Combien d’entre nous se retrouvent face à des enfants en situation de handicap tels qu’il faille avoir 6 mains pour tenir des petits qui de frappent eux mêmes sans parler de frapper les autres, de se balancer, de gémir, de baver etc,.. Des petits qui relèvent de l’IME et qui sont là 2 ou 3 ans, dans un lieu inadapté qui les met en souffrance. Et la seule réponse qu’on a est « il faut que les parents acceptent de voir la réalité en face », et jusque là, on n’a rien comme aide. Et notre classe entière souffre et ne peut avancer dans une ambiance propice, bienveillante , rassurante. On doit enlever tout le matériel pour éviter les blessés… Parfois il y a des situations folles, et la presse devrait relayer cela. C’est une honte que notre parole ne suffise pas à déclencher des aides, humaines et médicales. Notre pays reçu de de voir la quantité d’enfants en situation de handicap de par un réel handicap-de plus en plus lié à l’alcool et la drogue lors des grossesses- et les handicaps « sociaux ». Donc, oui , investissons nous, mais je ne crois pas que nous puissions faire des miracles dans une telle solitude professionnelle-je ne parle pas du soutien des collègues mais des IEN, des DASDEN et de l’Etat.

    1. tout les enfants avec difficultés n’ont pas leurs places en IME! d’ailleurs ses structures sont inadaptées quelquefois
      c’est votre manque de formation dans l’éducation nationale qui vous met en difficultés ,et le fonctionnement de l’éducation national
      ce n’est pas toujours la faute des parents ,il y a des enfants autiste TDA/H dys ect
      qui sont mal diagnostiqués ou pas du tout vu l’incompétence des structures CAMSP CMP ect.. en France nous avons 50 ans de retard déja pour la prise en charge du TSA,ses enfants ont besoin d’etre scolarisés

  17. Bonjour, je suis enseignante depuis plus de 10 ans, et 6 ans en maternelle. Avec mes collègues on essaie de se renouveler, d’éviter les fiches, de laisser les enfants profiter de leur enfance en apprenant avec plaisir. Malgré tout, je n’arrive pas à intégrer pleinement en mon âme dirai-je, le fait que les familles ne sont pas fautives. J’ai beaucoup de mal à gérer les difficultés qui durent, et oui, je mets dans mon fort intérieur, la cause, pas forcement accusateur, sur les parents et leur milieu social tellement défavorisé qu’on a des élèves de PS qui ne répondent même pas à leur prénom. Accepter un tel état de fait à l’arrivée à l’école m’insupporte. Ce n’est pas tant les familles, qui n’y sont souvent pour rien, mais l’État, qui ne prend pas en charge la misère socio culturelle. Mais dans ces conditions, même si les élèves progressent, ils n’arrivent pas tous à être « au niveau attendu » en fin de GS . Je veux bien chercher à modifier ma pratique mais souvent je suis persuadée de ne pas pouvoir y changer grand chose. Ai-je si tord que ça ? Par la suite ce qui me rend folle c’est le peu de poids de notre parole de professionnel face aux difficultés notées dès la PS, pour les familles, mais aussi pour nos supérieurs, qui n’ont rien à nous proposer. Combien d’entre nous luttent pour convaincre un parent du besoin d’orthophonie de son enfant ? Et s’il est convaincu, combien de familles trouvent un professionnel ? Combien d’entre nous se retrouvent face à des enfants en situation de handicap tels qu’il faille avoir 6 mains pour tenir des petits qui de frappent eux mêmes sans parler de frapper les autres, de se balancer, de gémir, de baver etc,.. Des petits qui relèvent de l’IME et qui sont là 2 ou 3 ans, dans un lieu inadapté qui les met en souffrance. Et la seule réponse qu’on a est « il faut que les parents acceptent de voir la réalité en face », et jusque là, on n’a rien comme aide. Et notre classe entière souffre et ne peut avancer dans une ambiance propice, bienveillante , rassurante. On doit enlever tout le matériel pour éviter les blessés… Parfois il y a des situations folles, et la presse devrait relayer cela. C’est une honte que notre parole ne suffise pas à déclencher des aides, humaines et médicales. Notre pays reçu de de voir la quantité d’enfants en situation de handicap de par un réel handicap-de plus en plus lié à l’alcool et la drogue lors des grossesses- et les handicaps « sociaux ». Donc, oui , investissons nous, mais je ne crois pas que nous puissions faire des miracles dans une telle solitude professionnelle-je ne parle pas du soutien des collègues mais des IEN, des DASDEN et de l’Etat. Voila, petite déprime quand même hein !

  18. tout les enfants avec difficultés n’ont pas leurs places en IME! d’ailleurs ses structures sont inadaptées quelquefois
    c’est votre manque de formation dans l’éducation nationale qui vous met en difficultés ,et le fonctionnement de l’éducation national
    ce n’est pas toujours la faute des parents ,il y a des enfants autiste TDA/H dys ect
    qui sont mal diagnostiqués ou pas du tout vu l’incompétence des structures CAMSP CMP ect.. en France nous avons 50 ans de retard déja pour la prise en charge du TSA,ses enfants ont besoin d’etre scolarisés

  19. Merci pour l’écriture de cet article
    Triste et beau à la fois
    Triste car il est l’exact reflet de ce que l’EN est effcetivement capable de nous faire ressentir tant il repose in fine sur un système hypocrite et malveillant .
    Le concours réussi, la découverte enthousiaste du métier on ne s’attend pas à être un jour envahi de ce ressenti douloureux. ça arrive et c’est insupportable à vivre.

    Beau car il est exprimé avec clarté , avec justesse et laisse à la fin de sa lecture une note d’espoir.

    Professeur des écoles
    Que faire rester ? partir ? je commence à me dire aujourd’hui que la décision va s’imposer d’elle même et que comme toi la page EN s’achèvera par une démission.

    Je crois avoir eu du courage face aux collègues, à l’inspecteur etc.. mais dans ce système le courage est visiblement un handicap et je suis épuisée.
    Un cerveau en confetti
    heureusement j’ai su garder l’éclat des couleurs
    Tu as eu raison de te taire mais de continuer à y voir clair
    ce blog est né grâce à cette dynamique et cela a été un grand plaisir ce matin de le découvrir.

    Merci beaucoup
    Candice

  20. Bonjour Cécile

    Je viens de lire ton témoignage et que dire si ce n’est que je m’y retrouve pleinement. Cette envie, cette volonté de donner du sens à l’école, aux apprentissages, d’accompagner les enfants au plus près de leurs besoins, donner envie aux enfants d’apprendre par des pédagogies actives, par une école « de la vie » où l’on apprend en osant se déplacer, et sortir hors les murs… Mais comme tu dis, difficile de convaincre des collègues qui ne sont pas du tout cette démarche. C’est épuisant et chronophage de porter cela seule, et surtout, ça ne rend pas heureux. Cela fait longtemps que je pense à ouvrir une école, mais plusieurs freins : le fait de faire payer les familles, que ce soit donc « séléctif » et comment en gagner sa vie sans se tuer à petit feu et préserver sa santé tout de même…
    J’aimerais échanger avec toi sur ton projet.

  21. Bonjour Cécile,
    Merci pour ce blog qui le donne vraiment les larmes aux yeux, c est tellement vrai tout ce que tu dis! Moi j ai quitté l éducation nationale au bout de 5 ans , écœurée par ce système et révoltée comme tu dis, par tout ce gâchis !!!! Aujourd’hui je galère pour travailler mais je ne regrette rien. Moi aussi j aimerai changer le système ! Et créer l école de mes rêves…en corse…alors si des gens me lisent et veulent monter un projet sur l ile de beauté, je suis là, et je suis pleine d idées et d énergie ! Et franchement, fuyez tant que vous le pouvez, on m à donné ce conseil 1 an avant que je demissionne et c est le meilleur conseil qu on m ai donné !
    [email protected]

  22. Bonjour Cécile,

    Journaliste spécialisée dans l’Education nationale, votre témoignage et votre expérience m’intéresse ; serait-il possible de me contacter pour échanger ?
    Merci et bien à vous,

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